A la différence du brouillard, la brume matinale ne retire rien du paysage et ouvre en douceur les portes de la rêverie. Pendant la nuit étoilée, un nuage curieux a eu envie de changer d’air, de goûter la terre et d’y déposer en toute discrétion ses perles célestes. Puis, aux premières lueurs du jour, de soulever pudiquement son étole afin de révéler les secrets d’une campagne que nos habitudes négligent d’observer. En bouchant l’horizon, le brouillard diffuse son opacité, son inquiétude et déforme ce qu’il trouve sur son passage, nos humeurs comprises. Il aura besoin de la force du vent pour disparaître. Alors que la brume s’allège et s’évapore imperceptiblement sous la chaleur d’une journée de fin d’été. Elle nous rapproche du paysage, nous oblige à concentrer nos regards fugaces sur l’essentiel.
C’est sans doute la raison pour laquelle la brume matinale soulève des émotions que le brouillard engloutit. Peut-être celles du privilège d’assister à la naissance du jour et des bénéfices de cette caresse sur nos élans. Quand les fantômes du brouillard ne font qu’épaissir la latence d’une mélancolie et accentuer le déclin d’une saison, les lutins de la brume invitent notre être à l’enchantement, nos cœurs à l’apaisement. La route, les heures, et plus largement, l’énergie de nos existences, n’en seront que meilleures.
© sylvie blanc – l’envol des jours 2012