l’hymne aux moineaux

l’hymne aux moineaux

Etre le plus commun des passereaux, et plus largement des oiseaux, vivre gaiement près des humains sans en être effrayé, avoir un chant dépourvu d’une jolie mélodie et user de toutes ses cordes pour brailler avec insistance près de qui veut bien l’entendre ou pour mieux se faire remarquer, allez savoir, et, par conséquent, agacer les oreilles les plus délicates, ou mieux encore, proposer aux musiciens un métronome 100% naturel (très tendance !), être doté d’une double origine étymologique, ce qui n’est pas donné à tout le monde, qui hésite encore aujourd’hui entre l’évocation des variations chromatiques de l’habit qui fait le moine et la promesse d’un festin estival au moment des moissons, alors que ni l’une ni l’autre ne semble convenir à ces oiseaux si peu solitaires et pas autant glaneurs que les étourneaux ou autres bruants.

Faire le gros dos à toute tentative anthropomorphique à propos de sa cervelle ou de son appétit, porter un sobriquet d’honneur en mémoire de la môme Edith (ou l’inverse ?), être domestique, friquet ou encore cisalpin, peu importe puisque les enfants diront cui cui ou piou piou, en voyant la joyeuse bande sautiller dans l’herbe, picorer les miettes sur la table ou barboter dans une flaque!

Avoir ce don d’ubiquité, urbaine et campagnarde, pour n’échapper à personne, y compris dans les endroits les plus hideux, comme une station service sur l’autoroute, s’accoupler en quelques secondes, vivre à deux harmonieusement dans la différence des plumes, bâtir son nid avec tout ce qui traîne, tout en ayant une nette préférence pour le duvet des autres, être celui qu’on ne peut ignorer mais qu’on observe si peu, pire qu’on regarde à peine…

 

Etre d’une générosité inégalée à l’égard du photographe (qui ne doit surtout pas piaffer d’impatience), en lui offrant de respirer l’air libre plutôt que d’être confiné dans un affût, de profiter de la dernière mode plutôt que d’être engoncé en tenue de soldat, avouez que c’est plus seyant ! (préférer tout de même des chaussures confortables), de pouvoir tranquillement bidouiller ses réglages et enfin de lui éviter de revenir bredouille grâce à la garantie de le trouver partout où ses pas le mènent…

 

Un oiseau de rêve, en somme ! à qui on peut bien pardonner de piquer une framboise ou une baie de cassis dans nos jardins et qui mérite amplement son hymne :

 

 

 

(à la manière d’Edith)

Quand je vous regarde tout bas

Les moineaux de tous les jours,

Vous me faites quelque chose.

Vous êtes entrés dans mon cœur,

Une part de bonheur

Dont je connais la cause…

© sylvie blanc – l’envol des jours 2012

 

 

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